Une mémoire pour construire l’avenir
A cette époque, Cannes et Mandelieu étaient dirigées par des femmes de poigne et la France par la rose. Tout n’était donc pas parfait, non pas parce que des femmes avaient le pouvoir local entre leurs mains mais parce que la gauche dirigeait la France.
C’était il y a deux décennies; moi j’étais un enfant de 10 ans, né rue St Nicolas, qui habitait au Cannet et qui était scolarisé à Cannes ; bref un vrai intercommunard… (déjà) ! Je me souviens des mercredis après midi au Montfleuri dans la piscine ou sur les terrains de tennis, des joutes dans le vieux port l’été, des batailles de fleurs sur la croisette et des cours de beaux arts avec mes amis du collège Capron à l’école de la castre. Oui il y a en moi une forme de nostalgie; je regrette le temps où Cannes savait briller dans le monde entier sans laisser ses racines pourrir dans une terre privée de son passé. Si notre ville savait se faire aimer des festivaliers, elle savait aussi restituer cet amour aux cannois. Les boccassiens, les suquetants, les pêcheurs, les joueurs de boules, les enfants, les mamies, les ouvriers, les retraités aisés, les sportifs, les artistes ; tout le monde était lié par une identité cannoise provençale. Aujourd’hui, cela n’existe plus, le rayonnement de Cannes est celui d’une étoile morte dont seule la lumière passée arrive encore jusqu’à nous.
J’invite donc par ces mots les candidats aux prochaines municipales, à ne pas oublier que dans leur projet ils devront avant tout penser aux cannois, et à se souvenir qu’être de droite ne laisse pas le droit de ne réfléchir qu’en terme de rentabilité mais aussi en terme de qualité de vie. Une ville ne se dirige pas comme une entreprise puisque dans ses comptes n’apparaît pas de ligne bénéfice et que les résultats ne sont pas redistribués aux actionnaires ; elle se dirige comme une grande famille. Un bon maire est souvent un bon père. Il sait dire non quand il le faut et tendre la main quand son enfant pleure ; il sait utiliser son argent pour faire vivre sa famille, il sait même s’endetter raisonnablement pour acheter sa voiture ou son toit sans faire peser sur ses arrières petits enfants le poids de dépenses inconsidérées.
Je rêve donc de voir dans chaque programme des projets mesurés et raisonnables qui tournent Cannes vers le monde tout en restituant aux cannois ce droit fondamental à la liberté de vivre heureux dans leur ville. J’aimerais que dans quelques années mes enfants puissent encore voir au vieux port des pointus, qu’ils puissent voir en mai des stars sur la croisette, en juillet des joutes provençales, qu’ils puissent se détendre dans une piscine au Montfleuri en hiver et apprendre en septembre à graver le lino à l’école de la castre.
Jean-Valéry DESENS
Merci Chritian d'avoir publié ce billet sur ton blog
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